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Lettre ouverte à Arte
Ste Anne d’Auray, samedi 24 septembre 2022
« La majorité des prêtres dans le monde ne respecteraient pas le célibat que l’Eglise leur impose. Ce documentaire explore les différentes facettes de cette réalité, et confronte l’Eglise catholique à ses contradictions autour de la sacro-sainte règle, synonyme de souffrances. »
Père Gwenaël Maurey: « Informé par des paroissiens sur ce documentaire d’Arte « Célibat des prêtres, le calvaire de l’Eglise« , le 13 septembre, je l’ai regardé sans a priori. D’autant plus que je n’avais pas vu la présentation ci-dessus. J’avoue avoir été très blessé par le procès qui nous est fait. Nous avons là un tissu de mensonges et d’à-peu-près. La très grande majorité des prêtre est fidèle aux engagements pris. Dans ce documentaire, les témoins sont tous à charge. Certes, il y a des prêtres qui n’ont pas respecté leurs engagements et ont choisi une autre voie. Mais dire que le célibat est la source de tous les maux et nous rend malheureux, c’est faux et injurieux. Certains, ayant effectivement eu des enfants, ont pris leurs responsabilités en quittant le ministère. Et regardons ce qui se passe dans les familles, dans le monde du sport ou le monde politique, dans les violences faites aux femmes… Cela dit, il n’y aurait qu’un seul prêtre pedocriminel ou n’assumant pas une paternité, ce serait un de trop, et c’est pour nous insupportable. Pensons aux victimes de tels agissements.
N’en déplaise aux jeteurs d’anathèmes, les prêtres que je rencontre sont, la plupart, heureux. On a parfois des passages à vides, comme tout le monde, mais combien nous voudrions partager la joie d’être prêtres. Lorsque à 18 ans, le bac en poche, je suis entré au séminaire, je me suis d’emblée engagé au célibat, et je n’ai jamais regretté. Bien sûr, j’ai eu des hésitations, j’aurais aimé fonder une famille, avoir une épouse et des enfants, mais le célibat faisait partie du « paquet cadeau ». Moi, je me sentais appelé à être prêtre. Cela peut paraître paradoxal dans le monde hyper sexualisé d’aujourd’hui où l’engagement à vie dans le célibat comme dans le mariage fait peur. Ordonné en 1986, je peux dire que le célibat m’a rendu heureux. Cela, sans doute, pour deux raisons: d’une part, être disciple de Jésus rend heureux, et d’autre part, j’y vis une grande fraternité entre prêtres et avec beaucoup de fidèles. Oh certes, tout n’est pas parfait, la fraternité est toujours à construire (il y a des frères que l’on supporte mal…), mais croyez-vous que la vie en couple soit toujours parfaite ? J’ai des confidences de couples heureux, mais aussi de couples brisés. Oui, je peux dire que mon ministère me rend heureux, et si c’était à refaire je le referais. Alors soyez honnêtes, ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas. Quant à moi, pour paraphraser un évêque parlant de ses diocésains: « Ils m’ont donné tant de bonheur« .«
Père Gwenaël Maury,
recteur du sanctuaire Sainte Anne d’Auray